#1 Retour de Kick - Nestor Curbelo x Hugu
Chez Mono, on souhaite proposer à nos lecteurs différents types d'articles et concepts. Aujourd'hui, on essaie un nouveau format que l’on a nommé : Retour de Kick. À travers ce format, on souhaite dresser le portrait de passionnés de motos, vous faire découvrir leur univers, leur passion et, évidemment, leurs engins.
Pour la première publication, on se rend chez Nestor Curbelo. Nestor est un artiste, créateur de la marque de vêtements Hugu, basé sur l'île de Lanzarote, aux Canaries. Il est également passionné de moto et, vous le verrez, cette passion prend de plus en plus de place dans sa vie.
On est allés à sa rencontre dans la maison de ses parents, à San Bartolomé, un petit village au centre de l'île. C'est là que Nestor nous accueille, accompagné de Milo, le chien de la famille, dans son atelier aménagé dans un ancien conteneur.
Dès l'arrivée, on sait à quoi s'attendre avec deux motos partiellement démontées qui gisent au soleil. On y reconnaît une XTE 600 (2003) et, moins facilement, une XTZ 660 Ténéré — ou ce qu'il en reste.
Les portes du conteneur s'ouvrent : c’est la caverne d'Ali Baba. Au total, quatre motos et une New Beetle (1971), héritage de son grand-père, sont entreposées. On y retrouve une Husqvarna TE 300i (2022), une DR 350 (1999), une seconde XTZ 660 (1995), et on peut deviner une DR 650 RSE (1992).
Vous l'aurez compris : Nestor aime l'off-road. Depuis sa toute première moto, une Rieju Tango 125 (2008), ce sont les chemins sableux de son île qui l'ont motivé. Une fois le permis gros cube en poche, il s'est offert une KTM 350 EXC-F (2018) afin de profiter à 100 % et arrêter de talonner les suspensions de la pauvre 125. Pour lui, les motos qu'il possède doivent être capables de quitter la route à tout moment pour emprunter un chemin poussiéreux.
Spoiler alert : à Lanzarote, île volcanique, des chemins poussiéreux, il y en a des kilomètres. Le terrain de jeu parfait.
Après le décapsulage d’une Estrella au soleil, une longue conversation démarre à propos des machines présentes.
Le créateur d'Hugu ne se contente pas de rider, il aime surtout restaurer et préparer ses motos — 100% hand fuck*ng made, c’est son dicton. Il a commencé par la DR 350, achetée en épave pour une bouchée de pain. Il en a fait une machine capable et légère pour s'amuser en off-road. Pour le moment, la partie moteur, il la confie à un pro local. Le moteur a été swappé pour un 1996, fini le démarreur électrique, c’est kick only. De ce swap elle a hérité le nom de “Frankie”. Pour le reste, il refait tout lui-même : peinture, réparation/amélioration, partie-cycle, carburation, électricité, etc. En moyenne, une restauration lui prend environ 3 mois.
Étant donné sa pratique du off-road, pour les suspensions et notamment la fourche, il passe par Race Tech, qui fournit ressorts et valves préparés à ses besoins afin de conserver les suspensions d'origine, mais avec des réglages et performances plus adaptés. À noter qu'en Espagne, la régulation est différente de la France : le contrôle technique pour les deux-roues existe depuis 1987, et pour toute modification, il faut une pièce qui est homologuée par un numéro de série, et ensuite la faire homologuer dans un centre spécialisé — une démarche longue et coûteuse. Il est donc préférable de garder les fourches d’origine, même sur des modèles anciens.
Un détail que l'on adore sur cette DR : le double optique façon Baja fait maison, un arceau de pit bike chiné sur AliExpress, des phares de Harley, un peu de magie et voilà le résultat.
Souhaitant avoir une machine type trail pour voyager et parcourir les kilomètres des îles Canaries. Nestor a récupéré deux XTZ 660 à remettre en état. Il en a fait une seule machine, qui est en cours de finalisation, proche de l'originale. Cadre de 1995 et plastiques de 1993.
Lors de notre passage, le poste de pilotage venait d’être revu avec un nouveau compteur. Il était en train de fabriquer une protection de carter en pour éviter que la pédale de frein ne perce le carter lors d’une chute. Une plaque de PVC bien épaisse, chauffée au pistolet, qu'il moule sur le carter pour en épouser la forme. Des ajustements de découpe, un peu de ponçage, un bon double face bien costaud, et voilà un carter bien protégé. À voir si ça tient dans le temps. (Edit : quelques jours plus tard, j’ai revu Nestor. Il m’a confirmé que ça n’avait pas tenu à cause de la chaleur, mais qu’il allait essayer avec une colle/pâte à joint.).
Prochaines étapes sur la Ténéré : une bulle type rallye pour améliorer la ligne de la moto. L’échappement va également être modifié avec l’adaptation d’un pot de BIG DR 800. Et enfin un kit déco perso pour terminer la belle. Son objectif est d'avoir une machine légère, confortable, mais toujours capable en off-road et facile d'entretien pour partir en road-trip. Elle sera mise à l'épreuve en juin lors d'une traversée de plusieurs îles des Canaries, puis si tout va bien, un projet de road-trip en Europe et au Maroc devrait voir le jour. De cette volonté de voyager, elle a reçu le nom d’Ahman, qui voudrait dire "Toujours plus loin" en arabe. Nestor n’est pas sûr de l’écriture du mot en arabe, mais il aime l’esprit.
Récemment, il s'est engagé pour la première fois dans la restauration d'une moto pour un tiers : une DR 650 SE qu'il va remettre en état pour un ami qui cherchait un trail mid-size qui ne craint rien pour doubler son Africa Twin récente. Il essaie de séparer ses journées entre son travail de création et gestion de sa marque le matin, et l'après-midi, lorsqu'il peut, direction le garage pour bricoler.
L’art et la création faisant partie intégrante de sa vie et de son métier, Nestor aime également personnaliser ces motos : par exemple, les plastiques de sa 350 DR, son casque, mais aussi une KTM 990 pour un ami.
Vidéo du projet KTM 990 sur ce lien.
Son prochain projet ? La XTE 600, qui pour l'instant dort au soleil. L'objectif est de la remettre en état et de la revendre. Les machines commencent à s'accumuler dans le garage, et malheureusement, il ne peut pas tout garder. Il y a peut-être également un projet de prépa desert sled sur une Harley-Davidson 883 Sportster des années 80, mais ça, c'est un secret.
De notre côté, on quitte Nestor et son atelier juste avant qu’il n’attaque le remontage de la pédale de frein, suivi d’un test de ses nouvelles améliorations. Si vous voulez en découvrir plus sur le travail de Nestor et son univers, voici le lien de sa marque de vêtements Hugu :
- Instagram Hugu
- Instagram Nestor
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